C’est à Chevreuse, village horticole qui alimente les Halles de Paris – de ses pâquerettes en particulier comme « la Monstrueuse de Chevreuse » – que naît le 29 novembre 1909 Jean, Charles, Edmond LEGUAY. Il est le fils d’Henri, Louis, Victorien LEGUAY, notaire à Chevreuse de 1910 à 1948 et le petit-fils, par sa mère, d’Edmond, Pierre, Marie MENGUY, notaire à CHEVREUSE de 1897 à 1909, et, par son père, de Victorien LEGUAY, notaire à CHEVREUSE de 1878 à 1896 et maire de CHEVREUSE de 1888 à 1896. Suivant la tradition familiale, Jean LEGUAY devient docteur en droit puis avocat au barreau de Paris. De 1930 à la guerre, sa carrière suit son cours de cabinets ministériels en préfectures. Il est sous les drapeaux au printemps 1940 avant de devenir, en octobre 1940, secrétaire général de la Marne (Préfet : René Bousquet), puis promu secrétaire de 1er classe hors cadre en 1941. Le 16 avril 1942, il devient délégué permanent du secrétaire général de la Police nationale (René Bousquet) auprès des Allemands en zone occupée. C’est là que les basses besognes commencent et que le monstre apparaît :
Il participe à l’organisation des grandes rafles parisiennes dont celle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, au total 13152 personnes dont 4115 enfants.
Il prend la décision de faire déporter les enfants des Juifs arrêtés au Vel d’Hiv. Dans des camps de concentration, 10 jours après leur arrestation, des enfants meurent au camp de Pithiviers.
Il organise le transfert des Juifs de zone libre vers Drancy.
Il demande l’arrestation de Juifs baltes, yougoslaves et bulgares.
Il organise les trains des 15, 21, 24 et 26 août déportant des enfants des familles qui avaient été internées à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande.
Voilà les motifs d’inculpation pour crimes contre l’humanité présentés par Serge Klarsfeld le 15 décembre 1978. Premier français à être inculpé pour de tels crimes Jean LEGUAY décédera le 2 juillet 1989 quelques mois avant son procès. L’ordonnance d’extinction de l’action publique du 11 septembre 1989 confirmera sa participation à des crimes contre l’humanité.
Tout récemment, la commune a préempté le terrain LEGUAY pour 60 000 euros le long de la promenade des Petits-Ponts. Philippe DUGUE avait essayé de le récupérer mais à l’époque, la famille LEGUAY voulait qu’en échange une rue porte le nom de LEGUAY à CHEVREUSE, ce qui était impensable pour lui.
Dans ce jardin désormais municipal, on peut imaginer que le dimanche 19 Juillet 1942, Jean LEGUAY, après une semaine harassante de travail, soit venu à Chevreuse voir ses parents et faire courir ses enfants dans ce beau terrain clos.
Il sera à l’honneur de notre commune d’y réserver un carré de prairie fleurie et une plaque commémorative, ou plus encore, à la mémoire de tous les Juifs assassinés avec la complicité de Jean LEGUAY.